La philosophie dès le plus jeune âge ?
À l’occasion de la Journée Mondiale de la Philosophie, les Ateliers Philo d’Opium Philosophie vous proposent de penser l’apprentissage de la philosophie par l’enfant.

Si les interprétations de la nature de la philosophie sont nombreuses, le.a philosophe semble, le plus souvent, apparaître comme la personne qui ne se satisfait pas, ni des images ni des réponses qui lui sont proposées. Cet entêtement à questionner le monde, et à tenter de le rendre nôtre est peut-être ce que nous ayons de plus essentiel, en tant qu’humain. Perdu dans un monde qui se comporte comme il veut, nous le mettons à l’épreuve de notre propre volonté. N’est ce pas là exactement ce que fait l’enfant, dès l’origine, essayant d’absorber, littéralement, tout ce qu’il trouve ? Faire entrer le monde en soi, absorber son étrangeté pour le rendre semblable. En somme, comprendre. Bien sûr, aucune discipline n’a le pouvoir d’absorber le monde, et la philosophie ne fait pas exception. Mais si l’école donne des réponses, répond au désir de l’enfant de reconnaître le monde qui l’entoure, aussi referme-t-elle les questions. Apprendre la philosophie dès le plus jeune âge n’est pas un luxe, car toute connaissance implique un certain recul, une réflexion. La dimension de la question ne doit pas disparaître derrière la réponse, si ce que l’on cherche est un esprit aiguisé plutôt que dogmatique. Dès le plus jeune âge, l’apprentissage de la philosophie permet de comprendre qu’aucune réponse n’est définitive, qu’aucune opinion n’est absolument vraie ni absolument fausse. Au fond, elle permet de reconnaître, dès l’origine, la complexité du monde, qui ne peut s’appréhender complètement que par la conscience de l’altérité et une ouverture inaltérable. C’est ce que l’approche dialectique de l’éducation philosophique permet. Si celle-ci ne se substitue pas à un apprentissage des faits et des règles, elle permet de les absorber sans les ériger en dogmes, de faire varier les connaissances au sein de l’éventail de leur nuance pour mieux les comprendre.
Par Elea Pertusati, M1 Philosophie contemporaine, Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Les enfants sont les premiers philosophes. Il est étonnant de remarquer le nombre de questions existentielles que se pose un enfant dès son plus jeune âge : « pourquoi je suis moi? », « pourquoi le ciel est bleu? », « pourquoi je vis? ». Il est d’autant plus merveilleux de remarquer l’imagination débordante d’un enfant, sa curiosité, sa façon insolite d’appréhender le monde. La naïveté d’un enfant permet d’aborder des concepts philosophiques de manière profitable et captivante. Pratiquer la philosophie dès l’enfance permet en fait de faire de cette naïveté une force, pouvoir laisser la chance à chacun de penser par soi-même, conduire un raisonnement, laisser déployer des idées sans se contraindre à vouloir trouver des réponses. L’enfant est enchaîné par des idées venant de son cadre familial et social, en grandissant il va se défaire ou non de ces idées. Mais pratiquer la philosophie depuis le plus jeune âge permettrait justement de discuter ces idées, il s’agirait de construire un individu lucide sur le monde qui l’entoure.
Par Eva Glatigny – M1 Philosophie – analyse et critique des arts et de la culture – Paris 8 Vincennes – Saint-Denis